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Martine Crumiere, artiste peintre, iconographe
18 octobre 2021

L'art de l'icône_10: Creusement

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On ne sait pas très bien dans quoi l’on s’engage lorsque l’on décide d’apprendre à réaliser une icône.
La plupart du temps, on veut réaliser une icône. Une icône que l’on a en tête ou dans le coeur. Mais pas nécessairement apprendre à réaliser une icône, quelle qu’elle soit.
On ne sait pas.
On vient avec ses représentations, ses envies, ses projets.
Il se peut très bien que l’on arrive à terminer l’icône envisagée. Mais pour autant, a-t-on véritablement compris ce que cela signifie « réaliser une icône »?
Surtout si on est content qu’elle soit terminée, qu’on a pu l’offrir et qu’on est prêt, soit à en réaliser une suivante, soit à arrêter parce qu’on a compris comment faire ou qu’on croit avoir compris comment faire.
Admettons que l’on commence une deuxième icône, puis une troisième, puis encore une autre.


Au bout de dix ans de pratique, quelque chose commence à poindre, en forme d’évidence, c’est-à-dire, de creusement de soi, de son être.
Oui, c’est de creusement qu’il s’agit, c’est ce que nous apprend la technique russe où la couleur est posée à la flaque (donc très liquide) sur une planche de tilleul évidée: avant même que d’avoir posé la première couche d’enduit, les gestes traditionnels nous enseignent.
On ne réalise pas une icône impunément: il va être attendu de l’apprenti iconographe la même chose que ce qui arrive à la planche: il doit ôter une partie de lui-même pour pouvoir commencer à oser envisager de travailler sur le sujet.


Et c’est le paradoxe: qui est le sujet? Le modèle que l’on souhaite reproduire ou bien celui qui envisage de le reproduire? Ou les deux?
Il n’y a pas de réponse; c’est à chacun de la formuler ou plutôt de l’entendre émerger à l’intérieur de lui.
Parce qu’en fait l’icône est un dialogue permanent, un va et vient permanent entre le sujet représenté par un iconographe antérieur et le sujet, l’apprenti iconographe, qui représente le sujet sur sa planche. À tel point que l’on ne saurait plus dire qui fait quoi?
Est-ce l’apprenti qui réalise une icône ou est-ce le fait de réaliser une icône qui modèle peu à peu l’apprenti?
Il y a là une porte à franchir, un pas à faire pour pouvoir être saisi par cette évidence que c'est beaucoup plus l'apprenti qui est modelé par l'icône que lui qui réalise une icône...

 

MC Le 3 mai 2018 À suivre....

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