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Martine Crumiere, iconographe, artiste peintre

8 août 2024

Atelier d'initiation à l'iconographie Année 2024-2025

Atelier d'initiation à l'iconographie Année 2024-2025
Présentation de l' atelier Aucun pré-requis n'est nécessaire, en particulier au niveau du dessin. Un temps d'intériorisation au début et à la fin de l'atelier permettra d'entrer dans le silence et la prière. Des chants grégoriens et/ou des chants orthodoxes...
21 octobre 2021

Mon parcours

Mon parcours
Ma vie s’est équilibrée entre deux dimensions : un parcours professionnel qui m’a enracinée dans la vie du monde et un questionnement incessant depuis l’enfance sur le sens de la vie. Ces deux dimensions se sont nourries et enrichies l'une de l'autre....
18 octobre 2021

La pratique de l'icône: l'Atelier Saint Jean de San Francisco

La pratique de l'icône: l'Atelier Saint Jean de San Francisco
Devenue orthodoxe il y a plus de trente ans, il m'a fallu plus de vingt ans avant d'oser aborder l'art de l'icône! Pourtant, je savais peindre mais je savais intuitivement que l'icône ne pouvait être assimilée à un tableau. Et même si je connaissais les...
10 août 2024

L'art de l'icône: Théophanie

L'art de l'icône: Théophanie

Un élève me faisait un jour la remarque : «tu n'as pas préparé de texte à nous lire, d'enseignement à nous donner. Je pensais que tu le ferais. » C'est vrai que j'avais coutume, avant chaque atelier, de lire un passage du livre "L'art Sacré" * ou bien de Paul Evdokimov « l'art de l'icône ».

Le temps passant, il m'a semblé superflu de continuer cette pratique ; en effet, à quoi bon lire, à quoi bon emplir un intellect dont l'appétit insatiable réclame sans cesse du nouveau.
Comme si le nouveau était déjà écrit !

Les réflexions théologiques sont lettres mortes si elles ne mettent pas le lecteur en mouvement, fût-il infime, vers un dépouillement de ses savoirs. Passer du savoir à l'expérience. Quelle prise de risque ! Il est plus confortable de continuer à empiler les livres et à les dévorer !

Le travail de l'iconographe est précisément ce saut dans l'inconnu.

Même si le modèle est sous nos yeux, même si la tradition l'a déjà fixé sur une planche de tilleul, même si certains ont, peu à peu, imprimé une touche particulière à leur manière d'incarner la tradition.

Car, Dieu merci, notre manière de peindre nous ressemble : nous ne nous effaçons jamais assez ; sauf que si l'on s'effaçait entièrement, comme le papillon brûlé par la flamme de la bougie, nous ne serions plus là pour apporter au monde ce que l'on a d'unique, pour témoigner par nos œuvres de l'invisible entrevu.

 

Mais l'élève attendait.

Alors, je lui ai fait remarqué que devant l'icône qu'il écrit, il y a comme une théophanie, il est en présence de la Trinité.

Le Père, car comme lui, très humblement, il crée, il met au monde une icône qui n'aurait pas existé s'il ne l'avait pas réalisée.

Le Fils, car c'est en tant qu'être humain qu'il se place devant sa planche de tilleul : ses mains tiennent le pinceau, ses yeux discernent les couleurs, la qualité du mélange- ni trop épais ni trop fluide, son corps entier, bien qu'assis, se prête à l'exercice.

L'Esprit Saint, car c'est Lui que l'on prie, lui que l'hymne acathiste invoque en disant :
« Viens en nous, Très sage Artiste du monde !
Viens, Sublime dans la moindre fleur
comme dans l’astre céleste !
Viens, Diversité indicible et Beauté éternelle !
Viens et illumine le sombre chaos de mon âme !
Viens et fais de nous une nouvelle créature en Christ !
Viens, Consolateur, Esprit-Saint, et demeure en nous ! »

Et c'est l'Esprit Saint qui guide notre main, nos yeux, notre cœur.

 

C'est ainsi que la prière de l'iconographe peut s'élever :

« Toi, Maître Divin de tout ce qui existe,
éclaire et dirige l'âme, l'esprit et le cœur de ton serviteur.
Conduis sa main afin qu'il puisse représenter
dignement et parfaitement ton Image,
celle de ta Sainte Mère
et celle de tous les Saints,
pour la gloire, la joie
et l'embellissement de ton Église.
Mon Dieu, bénis mes humbles efforts,
fais que mon labeur serve l'élévation de mon âme,
pour la gloire de ton Saint Nom. »

 

Tout est là. TOUT est là. Plaçons nous en silence et soyons transparents afin que notre icône soit le plus fidèle à son modèle.

Amen 

 

* L'art sacré, une transcription des cours donnés par le Père Eugraph Kovalevsky, devenu l'évêque Jean de Saint Denis; photo de la couverture de l'article

 

7 août 2024

Aphorismes de Monseigneur Jean

Aphorismes de Monseigneur Jean

Monseigneur Jean, sans qui je ne serai pas devenue orthodoxe et encore moins iconographe.
C'est lui qui a formé Hélène Iankoff, qui a elle-même formé Jérôme Lescure dans l'atelier Saint Luc, boulevard Arago à Paris. Jérôme Lescure m'a, à son tour, transmis ce qu'il avait reçu d'Hélène.
Pour connaître la vie de Monseigneur Jean: http://www.eugraph-kovalevsky.fr/

« La véritable image est transparente. Elle invite l’esprit, dans sa beauté pudique, à pousser plus loin. Elle s’efface pour nous entrainer vers l’inimaginable ».

« Avant tout autre chose, contemplons la lumière incréée. Non la lumière qui éclaire un objet, mais celle qui est propre à l’objet et se cache dans son abîme ».

« Dégage les lignes et les limites qui sont les enfants de la lumière et tu trouveras le langage de la nature muette. »

« Tout n’est que la danse rythmée de la lumière et le chant mélodieux des couleurs. »

« Il y a un rythme de la lumière, rythme des limites, rythme des formes ; le rythme est céleste. »

« La flamme est le rythme de la lumière. Chaque chose a une flamme intérieure qui dirige son rythme propre. »

« Dieu se tait dans la souffrance du monde pour ressusciter dans le chant d’allégresse. »

« La vraie expression chante, sans se reposer. C’est une forme qui se couvre, de crainte d’être brûlée par le feu incréé de la divine charité. »

18 octobre 2021

L'art de l'icône: L'écriture d'icône, un art martial?

saint françois

Il m'aura fallu plus de trente ans après être devenue orthodoxe et dix ans de cours, conférences, stages, sessions d'un week end autour de la théologie orthodoxe, de la pratique de la prière du coeur, avant d'oser me lancer dans l'aventure de l'icône.
Et voilà plus de douze ans que j'ose mettre mes pas dans la tradition byzantine qui m'a été enseignée.
Plus de douze ans que devant chaque nouvelle icône, c'est une première fois, que je refais les gestes comme s'ils étaient tout à fait nouveaux, mais avec la conscience de plus en plus aigue que chaque geste prépare le suivant, que toute erreur laisse des traces sur l'étape suivante, que toute négligence se paiera tôt ou tard.
La loi du karma (oh! le vilain mot que la tradition orthodoxe vouerait aux gémonies!), la loi du karma vécue dans l'immédiateté de l'étourderie, de la paresse, de l'absence à soi-même.
Personne qui n'a pas encore pratiqué cette discipline, car c'est une discipline plutôt qu'un art ne peut imaginer combien elle est un maître exigeant.
Maître de patience, maître de précision.
L'icône, sa réalisation est un chemin.
Au fond, terminer une icône n'est pas un but en soi.
L'important c'est de vivre consciemment, avec coeur, chacune de ses étapes.
Le but réel, c'est de faire de sa vie une icône et ça, c'est un tout autre défi.
Réaliser une icône c'est se confronter à ses limitations, ses impatiences, ses préférences, ses aversions et c'est les traverser, en comprenant que peu importe le but du chemin, ce qui compte c'est la manière de l'arpenter. Réaliser une icône, c'est accepter de se laisser modeler par elle, traverser par elle, enseigner par elle; c'est accepter de s'effacer.
Pratiquant le taï chi chuan, je vois les liens entre l'icône et la forme. Le lien. La transparence.
Jamais acquise. Toujours à acquérir.
L'icône, ce n'est pas seulement de la technique. Et ce n'est surtout pas du talent. En cela mon titre est trompeur: l'écriture d'icône n'est pas un art. Ou alors c'est un art martial.
Un art martial qui transforme la manière qu'a notre énergie de se manifester au monde et qui se matérialise, entre autres, par l'icône qui se réalise sous nos doigts.

....à suivre

MC le 18 octobre 2018

 

18 octobre 2021

L'art de l'icône: C'est toujours la première fois

visage XST

Douze ans que j’ai commencé à apprendre la technique de l’icône. Bien sûr, j’avais peint avant ; pour moi, sans prétention.
Mais je n’ai jamais « fait » les Beaux-Arts : mes parents n’avaient pas imaginé pour moi de métier aléatoire. Les ayant vu peiner, trimer, il m’a semblé naturel à l’époque de ne pas les contrarier, de ne pas ajouter de l’inquiétude à leurs difficultés de vivre. J’ai donc suivi la voie qu’ils avaient choisie pour moi : étudier l’économie et l’enseigner. Avec le droit et la comptabilité. Pendant près de quarante ans.
Je ne me suis jamais vue comme une artiste, même si j’ai cultivé une part de folie, une part de rébellion ; j’aime cette phrase de René Char : « hâte-toi de transmettre ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance » René Char avec qui l’une de mes tantes correspondait ; je l’ai su. Plus tard.

Alors, face à la pratique artistique, sachant ce que l’effort et l’entraînement veulent dire, formatée à croire que ce sont les études, les examens qui valident la possibilité de continuer dans une voie, je ne me suis jamais sentie légitime. Pas autodidacte, mais formée sur le tard, de stages en stages, d’atelier d’initiation en atelier d’initiation. Toutes techniques, calligraphie, collage, mandala, et puis iconographie. Dans le désordre en fait, tout ça ! En parallèle parfois.

Et pourtant, toujours ce sentiment d’être novice.
Toujours le sentiment que je ne sais rien, que rien n’est acquis.
Et tant mieux en somme.
Devant l’icône à écrire, c’est presque une bénédiction.
Rien n’est acquis. L’icône se donne à nous à la mesure où nous nous donnons à elle.
Rencontre amoureuse. Face à face de vérité ; exigeant, mais tendre. Ecrire une icône nous révèle à nous-mêmes. Avec douceur. Parce que pour écrire une icône, c’est le temps du pinceau qui s’impose, le temps du mélange des pigments entre eux avec la tempera, le temps des allers retours du regard entre le modèle que l’on a choisi et le dessin que l’on a réalisé sur sa planche.

Écrire une icône nous révèle nos imperfections, nous confronte à nos limites, nous rend humble, d’autant plus humble que l’on imagine que l’on n’est pas légitime parce qu’on n’a pas eu un parcours artistique.
Parce qu’on ne parvient pas à se définir artiste. Parce que derrière le mot artiste, on a en tête des Victor Hugo, des Modigliani, des Léonard de Vinci, des grands quoi. Pas ces petites grenouilles qui n’enflent pas toutes, mais qui tout de même sont grenouilles !
Ne vous méprenez pas: c'est beau une grenouille; elles emplissent les soirées d'été de leurs chants sans lesquels l'été serait orphelin. Comment dire sans me mettre à dos, ceux et celles qui osent se définir artistes?
Ou alors, il faudrait redéfinir ce qu'est un artiste, car ce mot a tant été gavauldé par les prétentieux et les faiseurs de vent. Mais ce n'était pas mon propos initial!
Ce sont donc gentilles grenouilles pour la plupart, traversées par une intuition venue du fond des âges et qu’elles déclinent avec les talents qui sont les leurs. Comme le sculpteur a l’intuition de la future statue en contemplant son bloc de marbre, sa bille de bois. Sauf que pour la plupart d’entre elles, ce n’est pas un bloc qui est à travailler, mais une montagne entière, pas une bille, mais un sequoia géant. Alors l’œuvre peine à venir. Ou plutôt la reconnaissance par ses contemporains, car certaines des grenouilles ont un véritable talent, mais elles ne savent pas comment se vendre, attirer l'attention sur ces oeuvres pour lesquelles, parfois, elles sacrifient leur confort, leur tranquillité d'esprit.
Et pourtant la grenouille ne parvient pas à se reconnaître autre qu’artiste. Et au fond, elle a raison. Mais sa vie entière ne suffira pas à ce que les autres la reconnaissent en tant que tel.

L’icône guérit du besoin, ou de l’envie de se définir artiste. Surtout si on n’a jamais pu s’attribuer ce qualificatif. Quel repos et quelle joie !
Car l’écriture d’icône nous renouvelle, nous dénude, nous décape, nous révélant que nous sommes balbutiants devant ce plus grand que nous que nous osons représenter. Présenter aux autres. Pour qu’ils puissent prier devant ; être visités.

Devant l’icône à écrire, devant chaque nouvelle icône à écrire, se sentir vierge. Avec le même émoi que l’amoureuse pour sa première nuit. Comme si chaque fois était une première fois. Car chaque fois est une première fois. Chaque première fois est impressionnante. Mais le renouvellement de ces premières fois installe, d’icône en icône, la paisible confiance que la main, les yeux, le cœur seront guidés pour aller de l’image à la ressemblance. Sans que l'on sache comment.

Et l’icône s’écrit. À travers nous.

MC   12 avril 2018 À suivre...

18 octobre 2021

La palette de mes "oeuvres diverses" est variée

La palette de mes "oeuvres diverses" est variée

La palette de mes "oeuvres diverses" est variée puisqu'elle va de la peinture sur bois à la réalisation de carnets personnalisés ou d'oeuvres sur papier ou sur châssis entoilés en passant par la "capture" de mes émerveillements devant la beauté de la nature.
 

La peinture sur bois:
Je transpose sur bois mon expérience d’iconographe, réalisant un enduit initial sur le support que vous souhaitez (planche de bois mais aussi porte de placards, porte intérieure, contre volets, objets en bois) et je réalise des miniatures en m’inspirant de modèles anciens (profanes ou sacrés).
Les photos de l'album peintures sur bois proviennent toutes d'un travail réalisé pour des volets d'intérieur d'une maison située dans une bastide du Gers à Lamontjoie.
Voici le diaporama de l'album de quelques unes de mes réalisations visibles en cliquant sur le lien: http://www.martinecrumiere.com/albums/peinture_sur_bois/index.html


Les carnets:
Du carnet de voyages au carnet de souvenirs (pour un anniversaire, un mariage, une fête, etc.) au livre de vie chargé de vos symboles et de vos phrases guide, je peux concevoir un objet unique à base de collages, d’esquisses à l’encre et de calligraphies.
Les collages sont de merveilleux supports à l'imagination et à la découverte d'aspects de soi restés dans l'ombre; je les utilise en séance d'art thérapie mais aussi pour mon plaisir personnel.

La photo illustrant cette section est extraite d'un carnet de voyages débuté lors d'un stage dans un atelier au sein duquel j'ai suivi une formation en deux ans à l'animation d'ateliers d'Art Thérapie.

 

Les oeuvres sur papier: sur papier chinois, extrêmement fins, ou sur papier aquarelle de fort grammage, j'ai réalisé au fil des ans une série d’œuvres sur papier, explorant tantôt l'encre, tantôt à l'aquarelle ou les techniques mixtes (encre, colle, acrylique); Voici quelques encres réalisées sur le thème "Du chaos à la Lumière" selon la méthode Martenod; certaines oeuvres sont encadrées et disponibles à la vente:  http://www.martinecrumiere.com/albums/du_chaos_a_la_lumiere_/index.html


Les peintures sur châssis:
Réalisées à l'acrylique pour la plupart avec la technique du glacis, qui consiste en des superpositions de couches très légères de peinture, offrant des sensations de flous et ouvrant des profondeurs magiques aux tableaux, elles font partie de mes dernières créations.

Les photos
Passionnée de nature, je lis dans les nuages des formes, dans les arbres, les fleurs, les pierres des présences, pour ma plus grande joie. Vous en trouverez quelques-unes au lien suivant http://www.martinecrumiere.com/albums/mes_photos/index.html

18 octobre 2021

Depuis des années je réalise des mandalas,

symbolesDepuis des années je réalise des mandalas, inspirée pour ce faire par la lecture de K.G. Jung et la découverte des mandalas tibétains.
Je me suis mise à réaliser une quantité impressionnante de mandalas après le tsunami de 2011.
Envahie d'une infinie tristesse avant que l'océan ne se déchaîne et ayant compris la raison de ma tristesse lorsque j'ai entendu la nouvelle, j'ai pleuré pendant trois jours. Je me demandais comment aider la terre à guérir.
Et puis l'idée est venue, assimilant le cercle à la sphère, de remplir de couleurs joyeuses un cercle en laissant venir à moi les formes et les couleurs qui semblaient avoir envie de s'associer. Je travaillais alors aux crayons de couleur, de très beaux crayons de couleur pour réparer la terre. Chaque mandala me prenait entre six et huit heures, mais le temps ne comptait pas; et si je n'ai pas guéri la terre pour autant, moi, ça m'a apaisée. C'était ça en moins (ma peine) que la terre avait à porter!


Mes mandalas actuels sont réalisés en techniques mixtes (en particulier acrylique extra fine et feuilles d’or) sur châssis entoilés.
Un aperçu en cliquant sur ce lien:
http://www.martinecrumiere.com/albums/mandalas/index.html
Ils peuvent aller d’un format de 20×20 jusqu’à un format de 80×80; certains sont disponibles à la vente, d’autres déjà vendus pour apporter leur touche joyeuse dans des salles d’attente de cabinets dentaires ou médicaux.
Le vôtre, si vous ne trouvez pas votre bonheur parmi ceux qui sont présentés sur ce site, sera réalisé en adéquation avec vos attentes (thématiques, couleurs, etc.) pour vous correspondre totalement.
Une fois que nous nous serons entendus sur le sujet, le format et le délai de livraison, je vous demanderai un acompte de 30%. L'oeuvre terminée vous sera livrée de manière sécurisée par la poste ou un autre transporteur ou remise en mains propres. Les frais de livraison seront à ma charge.

18 octobre 2021

L'art de l'icône: La joie

Mère3

Elle n’arrive pas tout de suite. Elle ne vient pas chaque fois.
C’est l’invitée surprise.
L’invitée mystère aussi, car la nommer n’est pas simple.
Elle m’est familière pourtant, lorsqu’elle arrive, je la reconnais.
Est-ce la contemplation des couleurs qui enchante l’âme, l’élaboration lente et patiente des montées en lumière, ou bien encore autre chose, je ne sais.
C’est un mélange de joie, de jubilation même qui dilate l’âme. Tout d’un coup, vous le savez : c’est là. Et presque simultanément, à peine la conscience saisie, que la joie est en vous, la tristesse se superpose.
A en faire venir des sanglots, mais ce n’est pas de la peine. C’est plutôt la nostalgie.
Comme si toucher cette joie nous faisait pénétrer, pieds nus, à l’orée d’un territoire, d’un espace. Ce n’est pas géographique, en fait.
C’est un espace intérieur. Et/ou une qualité du temps. Lorsque le temps se suspend, qu’il n’a plus d’importance, que seul compte l’instant.
Ce n’est donc ni de l’espace ni du temps selon les acceptions communes.
C’est tout à fait ici.
Et nulle part de ce qu’en disent les repères qui définissent « ici ».

Nous sommes donc à l’orée de quelque chose, d’un indéfinissable, d’un indescriptible, d’un non nommable, parce que jamais encore repéré, puisque par essence, saisissement, jaillissement, essentiellement nouveau, inédit, non reproductible, car propre à soi, à un instant du temps.
Et pourtant ce quelque chose possède une qualité qui fait qu’on le reconnaît au moment même où il surgit.

J’ai vécu cela, de manière bien plus intense lorsque j’ai accouché. Mon précédent accouchement s’était terminé de la manière la plus horrible qu’il soit puisque j’avais mis au monde une petite fille non réanimable,  morte pour ainsi dire. Que je n’ai jamais pris dans mes bras. Et puis quelques années ont passé et je suis tombée enceinte. La grossesse s’est bien passée, merveilleusement bien passée. Mais il a bien fallu accoucher ! La nature est bien faite. Au beau milieu de l’accouchement,  j’ai fermé les yeux.
J’étais bien.
Si bien.
Je ne voulais plus respirer.
J’étais en train de partir.
Je ne voulais plus rien.
C’était fini. Rien n’avait plus d’importance.
Je ne me suis pas dit que j’allais mourir, peut-être.
J’étais bien.
D’ailleurs « je » n’était plus là pour penser qu’il était bien ! Il n’y avait plus rien.
Et puis les voix des sages femmes m’ont appelée, appelée pour que je revienne, je ne voulais pas, elles ont insisté, m’ont forcé à ouvrir les yeux. Et puis l’accouchement a repris son cours.
Et le bébé est né, en bonne santé, solide gaillard.

Et bien, ce quelque chose qui surgit a à voir avec ce que j’ai vécu pendant mon accouchement. Un indicible bien-être. Qui disparaît au moment même où la conscience s’en saisit. Le remplaçant par la nostalgie d’avoir perdu quelque chose.
Quoi ? On ne sait pas. La seule certitude c’est qu’on était au sommet de son être, dans le point d’intensité blanc, là où la flamme est la plus ardente et la plus immobile. Le cœur du feu.
Cette joie, appelons la ainsi faute de mieux, cette joie n’est pas de la nature des joies de ce monde.
Elle est sans cause.
Toutes nos joies ont habituellement une cause.
Ou alors peut-être ne sont-ce pas des joies mais des satisfactions, des plaisirs, voire des hilarités.

Une joie sans cause.
Dont la douceur vous étreint et vous dilate dans le même temps.
Une joie libre, qui ne répond à aucun carton d’invitation, qui n’est contingente à rien. Une joie pour rien.
Mais une joie dont on sent que l’on pourrait s’abandonner à elle et mourir dans ses bras.
Mourir sans mourir d’ailleurs.
Être et n’être pas simultanément.

Une sacrée expérience.
Une expérience du sacré ?

 

MC 29 mars 2018 à suivre....

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